J'ai aujourd'hui pris ma plus belle
police qui traînait sur l'éditeur de texte de ce formidable blog plume pour vous
soudoyer écrire.
D'une contrée fort lointaine, votre fervente future re acheteuse - c'est-à-dire moi ! - vivote. Acoquinée d'un vaillant campagnard imperméable à toute jubilation devant une tripoté de godillots vernis, votre disciple aimante - toujours moi ! - rêve qu'un jour vous mettiez votre art à la solde des petons masculins pour leur procurer de doux supplices.
Je m'explique...
De ma contrée fort lointaine, je ne connaissais que les baskets négligemment ficelés, lavés deux fois par an maximum et légèrement puantes, (bref rien de quoi faire miauler un chien (avis aux visiteurs lettrés de ce blog, ceci est une traduction français d'un très joli proverbe mongol
j'adore quand vous croyez n'importe quoi !)) alors que les femelles de mon espèce ne juraient que par la nouvelle pompe machin truc chose de chez nunuche truc muche. Je dois vous avouer que ces greluches addicts aux sabots, je les trouvais pathétiques, un peu connes et franchement pas fréquentables
même si pour garder de bonnes relations professionnelles et quelques fois amicrales, je m'y pliais sans sourciller. Imaginez-les bavantes devant la couleur d'une semelle extérieure et s'exclafant : "C'est une Louloutin, c'est une Louloutinnnnnnnnn, tin tin, lou lou !". Se liquéfier lorsque la chanceuse propriétaire faisait son cat wall et minauder "Oui, oui, ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii - par pitié, faites le petit strident à la fin du dernier 'i', ce sera plus réaliste - ce sont bien des Louloutîîîn !"
Oh ne vous méprenez pas chère Annabel, j'ai bien tenté de me fondre dans le moule. J'ai banqué auprès du chausseur du coin. Des escarpins flambants neufs avec ce qu'il faut de talons, de brillants et de zéro derrière. J'avais fière allure, moins quand je m'étalais après deux divagations. Mais mes petons se refusaient au luxe. J'avais beau leur dire : "soyez beaux et taisez- vous, bordel ! Marchons, marchons..." De douloureux cloques m'ornaient la plante. Argh que la vie est franchement injuste ! J'ai tenté l'escalope de veau crue, il paraît que ça soulage (c'est vu ça dans la Boum !) mais rien n'y fit. Mes pieds ne voulaient remettre leur destiné qu'aux baskets cracra et éventuellement aux charentaises.
Et puis, un jour, je ne sais plus trop comment, une de vos créations est entrée dans mon champs de vision. J'ai un peu ricané me disant "Tu es en train de devenir comme ces pétasses, tu regardes les chaussures en bavant !". J'ai moins ricané lorsque que deux gouttes salives sont venues orner mon menton. Effectivement, je bavais, effectivement je regardais une paire de chaussure plus de 3 minutes 30, effectivement, je me pétassissais (avis aux visiteurs lettrés de ce blog : arrêtez de déchirer le dico, le verbe n'existe pas) !
L'addiction aux shoes est arrivée très rapidemment. J'ai commencé par regarder une première paire, puis une deuxième, une troisième, pour au final dévorer toute la collection. J'ai prié le Seigneur pour que vous vous importiez rapidement dans notre pays des mangeurs de grenouille (c'est bien comme cela que vous, Anglais, nous nommez, nous, les Français). Et j'ai été exaucée ! Depuis peu, vous avez ouvert une jolie boutique parisienne (
ici).
En sachant cela, j'ai beaucoup parlementé avec mes deux petons : "Eh les gars, écoutez maman, la petite Annabel est en train de faire aimer les chaussures à maman, bref de redonner la part de fémininité que maman avait enfoui dans ses baskets. Donc, on va faire un deal : si vous me promettez qu'ampoules, echauffements et autres réjouissances ne viendront tout gâcher ! Je vous emmènerai gambader dans le sable chaud cet hiver".
Aucun des deux n'a osé broncher, le coup du sable chaud avait fait son effet. Je courus donc extorquer quelques euros au vaillant campagnard avec qui j'ai signé un drôle de contrat il y a bien quatre, cinq de cela, et qui l'oblige à me garantir secours et assistance tout au long ma vie. Cela s'appelle un contrat mariage assurance-vie. C'est nouveau, je crois ! Il me l'a proposé en me faisant miroiter un joli cadeau en échange, vous savez un peu comme le paquet de corn flakes avec sa figure en plastique qu'on veut ab-so-lu-ment avoir quand on est petit, et qui bien évidemment, nous fais acheter le paquet de corn flakes qu'on mangera pas. Eh bien, moi, à l'époque, je crois que c'était un genre de cailloux, pas très gros d'ailleurs, son joli cadeau !
Bref, revenons à la demande. Il a beuglé un peu tout de même : "Quoi plus de 100 euros dans des chaussures". Oui, je sais j'ai quelque peu menti sur le tarif réel. La bataille a été rude, j'ai bien cru que j'allais la perdre. Les tractations ont duré des jours. J'ai même été obligée de sortir l'arme atomique : une grève du sexe en bonne et due forme. Généralement, l'ennemi ne dure pas plus de 3 jours. L'état de siège a toujours raison de sa vulgaire faiblesse.
Quoiqu'il en soit, j'ai eu mes 100 euros
et des grosses poussières ! pour m'accaparer vos souliers. Je les sors fièrement seulement les jours de fête - j'ai pas non plus envie de me pétassisser totalement -.
Mon homme, certes les trouve jolis, sans qu'elles fassent miauler un chien (Avis aux lettrés de ce blog : pour l'origine de cet idiomatique, voir plus haut) et c'est sûr, commence à me prendre pour une pétasse.
Afin de sauver mon couple, chère Annabel, je vous supplie de créer de sublimes godillons pour homme, pour qu'eux aussi, souffrent de ne pas posséder toutes vos créations, palpitent à chaque lancement de collection, se liquifient lorsque que le collègue de bureau tant détesté et détestable beuglera : "Ouiiiiiiiiiiiiiiiîî -même pour l'homme, vous pouvez émettre le petit cri strident au 'i' pour faire plus réaliste -, ce sont des Annabel Winship".
Et afin de sauver mon compte en banque, si par élan de générosité, vous conceviez à m'envoyer une petite paire en 40, sachez que je me remettrai à croire au Père Noël pour l'Eternité !
L., votre shoeomane dévouée,